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Le ministre de l'éducation nationale, Vincent Peillon, voit sa réforme des rythmes scolaires se confronter à bons nombres de contestations. Un très bon exemple demain, lors des manifestations qui auront lieu un peu partout en France. Mais revenons sur cette réforme qui fait tant bouger les acteurs gravitationnels de l'école.

On conteste, on conteste, mais si elle est là, c'est qu'il doit bien y avoir une raison, alors, sur quoi se base t-elle ?

Cette réforme s'appuie sur 3 types de données :

  • Provenant de l'académie nationale de médecine.

    Pour les chronobiologistes, un week-end de pause de deux jours altère la capacité de l'enfant à reprendre l'école le lundi matin, car ce dernier s'est en quelque sorte déconnecté de l'école et s'est souvent couché tard le samedi soir. Sa concentration n'est optimale qu'à partir du mardi à 12h.
    De plus, la coupure du mercredi rompe de nouveau le rythme, engendrant une nouvelle fatigue si les enfants se couchent tard le mardi soir. Aussi, « pour tenir compte des données biologiques, il faudrait une année scolaire de 180 à 200 jours (avec comme corollaire la réduction des grandes vacances), 4 – 6 h de travail par jour selon l’âge de l’élève, 4 jours et demi à 5 jours de classe par semaine en fonction des saisons ou des conditions locales »
    Les écoliers français ont le nombre de jour d'école le plus faibles des pays de l'OCDE (environ 144 jours contre 187 en moyennes). De plus, le nombre d'heures d'enseignements "s'élève à 864h par an contre 774h à 821h en moyenne selon l'âge des écoliers (toujours au sein de l'OCDE)".

  • Provenant des résultats de l'enquête de PIRLS de 2011 (Progress in International Reading Literacy Study)​:
    Cette édude montre que sur 45 pays,la France arrive en 29ème position. Avec 520 points,nous sommens en dessous de la moyenne européenne (534 points)concernant es performances de lecture des élèves de CM1. Autre constat préoccupant : ce sont l'ensemble des élèves qui enregistrent des résultat en recul par rapport à la moyenne européenne, et ce n'est pas seulement l'effet des élèves les plus en difficultés. Enfin, les écoliers français souffrent plus que leur camarades européens en terme de confiance en eux. Ils sont également les plus nombreux à ne pas terminer leurs épreuves.
  • Provenant des expérimentations de semaines de 4,5 jours
    Il s'agit d'expérimentations concluantes, notamment à Brest, Angers, ou Nevers avec des résultats :
    - des élèves moins fatigués et plus attentifs
    - équilibre entre apprentissage, activités sportives ou culturelles, et temps de récupération.
    - A la sortie de l'école les mercredis, à Toulouse, les centres de loisirs récupèrent les enfants à 16h05 et leurs proposent ainsi des activités diversifiées et encadrées.

C'est bien beau tout cela, mais finalement, que sont réellement ces "TAP" ?

Les Temps d'Accueil Périscolaire (TAP), voient le jour le 24 janvier 2013. Ils remettent à jour l'organisation du temps scolaire dans les écoles maternelles et élémentaires.

A ce jour, seulement 20% des écoles ont mis en place cette réforme. "Toutes les communes ayant décidé de mettre en œuvre les nouveaux rythmes scolaires à la rentrée 2013 se verront allouer une dotation forfaitaire de 50 euros par élève"(http://www.education.gouv.fr/cid66696/la-reforme-des-rythmes-a-l-ecole-primaire.html)

Le décret ne modifie que l'organisation du temps scolaire hebdomadaire et journalier.

Retour dans le temps :

- Depuis 2008 ( Xavier Darcos, le premier ministre de l'éducation nationale de Nicolas Sarkozy, avait choisi de supprimer l'école le samedi matin, faisant passer de vingt-six à vingt-quatre heures le nombre d'heures de classe par semaine. Deux heures d'aide personnalisée sont mises en place pour les élèves rencontrant des difficultés d'apprentissage. Le Monde), les élèves du primaire ont 24h de classe répartis sur une semaine de 4 jours (8 demi-journées)

- Le décret du 24 janvier transforme désormais ceci en :

1 journée de 5h30 maximum

la demi-journée d'enseignement doit être de 3h30 maximum

la pause du midi ne doit pas être inférieur à 1h30

"Pour résumer, il s’agit de transférer sur le mercredi matin(exceptionnellement, par dérogation, sur le samedi matin) 3 heures à 3 heures 30 de temps scolaire prélevé sur le lundi, le mardi, le jeudi et le vendredi. (Voir quatre exemples d’emplois du temps possibles donnés par le site du Ministère de l’Éducation nationale.)"


Ainsi, le temps de chaque journée est modifié, en augmentant le temps d'activité péri-scolaire. L'école continuera de prendre en charge les enfants jusqu'à 16h30. Cependant, ils se consacreront plus à des temps d'activité périscolaire qu'à des temps d'apprentissage scolaire. Seront donc mis en place 2 temps :

  • des activités pédagogiques complémentaires organisées en groupes restreints d’élèves (ces activités devront être organisées par les enseignants)
  • des activités périscolaires d’éducation artistique, culturelle et sportive
    (ces activités devront être proposées par les communes) répartis au choix des communes de la manière suivante : 45 minutes d'activités sur 4 jours, ou 1h30 d'activités deux jours dans la semaine

C’est autour de ce temps périscolaire que se cristallise l''ssentiel des blocages et des crispations de la part des acteurs de l’école.

Pourquoi tant de contestation ?

Bien évidemment, le premier soucis est le cout. Les ouvertures de cantines le mercredi midi ou l'embauche d'animateurs pour assurer les activités périscolaires sont au coût des municipalités. De plus, l'intervention de personnel extérieur a un cout, sans évoquer le fait qu'il faut à la fois trouver les lieux d'activités (les enseignants sont rétissants au fait que l'on utilise les salles de classes, car dans ce cas la, où travailleront-ils eux ?), et le temps de mis en pratique. En effet, toutes les écoles n'ont pas la possibilité de proposer des activités sportives au sein de leur établissement. Il faut alors prévoir les temps de transports (cela rentre t-il dans le temps en vigueur proposé par le gouvernement ?). De plus, le budget n'étant pas le même, et le choix de faire payer les TAP restant au choix de la mairie, les enfants n'accèderont pas aux même types d'activités (sans parler de la qualité), ce qui créé aussi bien des inégalités territoriales, mais également sociale.

Pour pallier les problèmes d'effectif, Mr Peillon a promis d'assouplir le taux d'encadrement réglementaire (on passe de 1 pour 10 en maternelle à 1 pour 14, et de 1 pour 14 à 1 pour 18 pour les primaires), décision bien sur (et heureusement) contestée par les animateurs qui estiment qu'elle pose des soucis de sécurité.Certaines communes font appellent aux enseignants volontaires, au ATSEM, aux animateurs villes et associations locales.

A Paris, 94% des enfants devraient participer aux activités périscolaires, proposées les mardi et vendredi entre 15 heures et 16h30. Ce qui représente… 1.500 animateurs supplémentaires ! Pour les trouver, tous les moyens sont bons : panneaux d’affichage, réseaux sociaux, bouche à oreille… Le 26 août dernier, le site de la mairie de Paris appelait les candidats à se faire reconnaitre.

Autre soucis, le niveau de qualification des animateurs, jugé bien souvent trop faible.Les parents confient leurs enfants à des enseignants dipplomés de la fonction publique, obtenu suite à un concours.
Mais concernant les temps d'accueils périscolaires, à qui laissent ils leurs enfants ? A des jeunes âgés de 17 à 21 ans environ ? Titulaire du BAFA, ou encore stagiaire ? Vient alors le problème de la reconnaissance de ce métier(qui vise pourtant à se professionnaliser, voir article sur le blog http://bpjpepsltp-tours-2013.over-blog.com/2013/11/les-m%C3%A9tiers-de-l-animation-et-de-la-jeunesse.html) Certains parlent de former leurs animateurs et de les orienter vers des BPJEPS. Seulement, quand on voit le prix de cette formation délivrée par la DRJSCS (environ 7 000€), quelle commune pourra financer ce dipplôme professionel ? De plus, ll est discutable de mettre sur le même plan un BPJEPS, diplôme professionnel, et un BAFA, de formation volontaire, qui ne devrait être "qu'une portée d'entrée".

Finalement, bien qu'il faille laisser du temps à cette réforme afin de pouvoir en tirer de vraies conclusions, la mise en place de cette réforme des rythmes scolaires sera elle l'occasion de parler, et de valoriser les métiers de l'animations, qui représentent en France environ 300 000 animateurs (70% ont moins de 35 ans, travaillent à temps partiels en CDD) ?

Temps d’activités périscolaires (TAP) payant : l’inégalité assumée ! Profondément inégalitaire cette nouvelle décision va non seulement renforcer le déséquilibre territorial mais, au sein d’une même classe, accentuer les différences sociales entre ceux qui pourront payer et les autres. Non seulement les professeur-e-s des écoles devront se rendre une demi-journée supplémentaire par semaine dans leur école mais cela n’aura aucun bénéfice pour les élèves dont la semaine sera alourdie par une augmentation de leur temps de présence à l’école sans amélioration des conditions d’apprentissage ou l’apport de nouvelles activités éducatives de qualité.

Tag(s) : #actualités
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